Marc Lavoine : Entre héritage littéraire, paternité et réflexions sur la mort
Ce dimanche 27 juillet, Marc Lavoine s’est livré comme rarement dans le podcast Legend animé par Guillaume Pley. L’occasion pour l’artiste aux multiples talents de revenir sur son parcours, son dernier ouvrage Quand arrivent les chevaux (Fayard), son rapport à la mort, mais aussi sa relation intime et pudique avec ses quatre enfants. Un entretien bouleversant, empreint de tendresse, d’émotion et de franchise.
Un livre écrit en trois semaines, gardé sept ans
À 62 ans, Marc Lavoine continue de surprendre. Connu pour ses tubes comme Les Yeux revolver ou Elle a les yeux revolver, l’artiste n’est pas seulement chanteur ou acteur. Il est aussi écrivain. Et c’est en janvier dernier qu’il a publié son deuxième ouvrage, Quand arrivent les chevaux, chez Fayard. Un récit poignant dans lequel il évoque le décès de sa mère, un deuil marquant qui a profondément bouleversé sa vie.
Dans le podcast, il confie à Guillaume Pley :
« J’ai mis trois semaines à l’écrire mais je l’ai laissé sept ans sur mon bureau. »
Un délai révélateur de l’importance émotionnelle de ce texte, qu’il a visiblement eu besoin de digérer avant de le partager avec le public. Ce livre, intime et sincère, reflète l’homme qu’il est devenu : un artiste sensible, profondément touché par les grands bouleversements de la vie.
Un père aimant mais ferme
L’entretien, qui dure près de 50 minutes, nous montre un Marc Lavoine tendre et réfléchi lorsqu’il parle de ses enfants. Père de quatre enfants issus de deux relations différentes, il évoque son aîné Simon, né en 1986 de son union avec le mannequin américain Denise Pascale, aujourd’hui décédée. Puis viennent Yasmine (née en 1998), Roman (2007) et Milo (2010), qu’il a eus avec Sarah Poniatowski, qu’il a épousée en 1995 et dont il s’est séparé en 2018.
Pour Marc Lavoine, la paternité est une école constante.
« Un père a beaucoup à apprendre de ses enfants. Chacun d’eux est différent, chacun d’eux t’apprend quelque chose de fondamental », affirme-t-il avec une tendresse palpable.
Il reconnaît pourtant un rôle de fermeté dans sa fonction de père :
« Je suis quelqu’un qui dit non, un père, ça doit dire non […] Je suis incapable d’être autoritaire, mais je le suis. »
Une posture à la fois bienveillante et structurante, qui reflète un équilibre entre amour inconditionnel et repères indispensables.
Une vision poétique de la mort
Autre sujet abordé avec pudeur et sincérité : la mort. L’interprète de Toi mon amour ne cache pas sa fragilité face à ce sujet, d’autant plus que la disparition récente de figures proches, comme celle de Thierry Ardisson dont il a assisté aux obsèques, semble raviver ses questionnements.
À la question de Guillaume Pley sur sa propre fin, il répond sans détour :
« Je n’aimerais pas la voir venir. Je préférerais qu’elle ne me regarde pas dans les yeux ; qu’elle me prenne par surprise. »
Un souhait simple, humain, et terriblement touchant.
Il partage également son désir, avant de quitter ce monde, d’être entouré de beauté :
« Voir le ballet des oiseaux, entendre le chant du vent et le bruit de la mer au coucher du soleil. »
Une déclaration qui résume bien la sensibilité poétique de l’artiste, à la fois rêveur et lucide.
L’héritage qu’il souhaite laisser à ses enfants
Marc Lavoine évoque également le regard que ses enfants portent – ou ne portent pas encore – sur son œuvre littéraire. Il confie, un brin amusé mais sans amertume :
« Je suis à peu près persuadé qu’ils n’ont pas tous lu mes livres, et notamment le dernier. »
Mais loin d’en faire un reproche, il y voit au contraire une forme de continuité posthume :
« Quand je mourrai, ils vont les lire. Je suis libre. Donc quand je mourrai, il restera quelque chose et ils le liront. Ils comprendront qui j’étais. »
Cette transmission par les mots lui tient à cœur. Plus qu’un simple legs matériel ou artistique, Marc Lavoine veut laisser une trace littéraire, une part intime de lui-même que ses enfants pourront découvrir à leur rythme, quand le besoin ou le manque se feront sentir.
Une figure publique toujours discrète
Bien qu’il fasse régulièrement la une de l’actualité culturelle, Marc Lavoine reste un homme discret, peu enclin aux confidences gratuites. Ce passage dans le podcast Legend apparaît donc comme un moment rare, où l’artiste se dévoile avec humilité et humanité. Ni posture ni faux-semblants : juste un homme qui, à l’aube de la retraite artistique – mais sûrement pas créative –, réfléchit à la trace qu’il laisse, aux leçons qu’il a reçues, et à celles qu’il espère transmettre.
Une œuvre en construction permanente
Au fil de ses chansons, de ses rôles et désormais de ses livres, Marc Lavoine construit une œuvre personnelle, sincère, où les émotions occupent une place centrale. Ce dernier ouvrage, Quand arrivent les chevaux, s’inscrit dans cette continuité. Il y parle de deuil, de souvenirs, de famille, et pose les grandes questions de la vie : comment faire face à l’absence ? Que signifie être père ? Que laisse-t-on derrière soi ?
Il n’est plus simplement le chanteur romantique des années 80. Il est un homme en quête de sens, un père à l’écoute, un écrivain en quête de vérité.
En somme, ce podcast a permis à Marc Lavoine de se dévoiler autrement : moins star, plus homme. Moins personnage public, plus père, fils et futur disparu conscient. Et c’est dans cette authenticité que réside toute la beauté de son témoignage.